Depuis un certain temps, mes réflexions et mes explorations artistiques m'ont profondément interpellé sur la relation entre la nudité et la construction philosophique de notre société.
Ce voyage intellectuel a vraiment débuté avec ma série sur les "Vénus", où j'ai commencé à explorer le corps humain et ses implications philosophiques à travers la photographie et la peinture.
Cette quête a été nourrie par un début de recherches approfondies ( c'est encore très récent) , des conversations avec les visiteurs de mes expositions, et l'étude d'œuvres philosophiques majeures telles que "Le Nu Impossible" de François Julien et "On y Voit Rien" de Daniel Arasse ainsi que " La fin de l'amour" de Eva Illouz sur l'aspect sociologique de la liberté du corps et de la sexualité. Ces ouvrages ont remis en question les normes esthétiques et sociales entourant la nudité, ouvrant la voie à une exploration plus profonde.
En plongeant dans les écrits des philosophes européens, j'ai découvert des perspectives variées sur la nudité. Pour Platon, le corps était le reflet de l'âme, exposant ainsi notre essence intérieure à la société. Cette vision idéaliste a profondément influencé les normes culturelles de l'époque, promouvant une valorisation de l'intellect au détriment du physique.
Aristote, quant à lui, considérait la nudité à travers le prisme de la vertu et de la pudeur. Ses idées ont renforcé les normes morales entourant le corps et ont contribué à façonner les valeurs sociales de son époque.
L'Antiquité nous a légué des fondations philosophiques solides sur la nudité, influençant ainsi les arts et les écoles d'art qui ont émergé à travers les siècles. Les écoles de pensée classique ont promu l'idéal de la beauté et de l'harmonie dans l'art, tout en influençant les représentations du corps
humain ( Il est dure pour moi de ne pas vous parler du manifeste de Violette Leduc, publié en 1964, qui remet en question les normes sociales et culturelles ainsi que " Salon des Refusés" organisé en 1863, qui a marqué un tournant dans l'histoire de l'art en exposant des œuvres rejetées par les salons classique et l'Académie des Beaux-Arts, défiant ainsi les normes esthétiques établies depuis l'antiquité et créant une fracture. J'y reviendrai plus tard mais si vous êtes curieux curieuse )
Bien sur quand on parle d'un philosophe et qu'on le cite, dans un discours de recherche il ne faut pas le désolidariser de sa contemporanéité
À l'époque de Platon, la Grèce antique était caractérisée par une société hautement patriarcale où la philosophie, la politique et l'art étaient des domaines dominés par les hommes. La cité d'Athènes, où Platon a vécu, était une démocratie directe, mais seules les citoyens libres, généralement des hommes de naissance athénienne, avaient le droit de participer à la vie politique. La culture grecque était imprégnée de croyances religieuses polythéistes et d'une esthétique centrée sur l'idéal de la beauté masculine, dans les arts et de la notion du "beau"
Mais qu'est ce que le beau ?
Le "beau" est un concept qui est souvent sujet à interprétation subjective. Le terme "beau" est utilisé pour décrire quelque chose qui est esthétiquement plaisant, harmonieux ou gratifiant sur le plan visuel ou sensoriel. Cependant, la définition du beau peut varier en fonction du contexte culturel, historique et individuel. Dans le contexte de l'histoire de l'art occidental, le concept de beau a souvent été associé à des idéaux classiques de perfection, de symétrie et d'harmonie. Les œuvres d'art qui reflètent ces qualités sont souvent considérées comme belles selon les normes artistiques traditionnelles. Le beau est souvent associé à un sentiment de plaisir esthétique ou d'émerveillement devant une forme, une couleur, un son ou une composition particulière qui suscite une réponse émotionnelle positive.
Cette notion du beau est importante pour la question du corps et de la nudité face à l'état. François Julien met en lumière la complexité de la perception et de la représentation, soulignant que nos conceptions du beau ne sont pas universelles, mais plutôt façonnées par nos contextes culturels et historiques. Il s'intéresse à la manière dont différentes cultures appréhendent la beauté et les normes esthétiques.
Le "beau" n'est alors pas une entité absolue ou fixe, mais plutôt une construction contextuelle et contingente.
Il souligne que la beauté émerge des contrastes, des tensions et des différences, plutôt que d'une recherche d'harmonie parfaite. Cette perspective invite à repenser nos critères esthétiques et à considérer la diversité des formes de beauté qui peuvent exister au-delà des normes conventionnelles.
Dans la Grèce antique, le concept de beauté était étroitement lié à la notion de proportion, d'harmonie et d'équilibre. Les Grecs voyaient la beauté comme une qualité qui émanait de l'ordre et de la symétrie dans le monde naturel et artistique. Cette idée est bien illustrée par les théories esthétiques développées par des penseurs comme Pythagore et Platon.
Pour Platon, par exemple, le beau était associé à des idées abstraites et universelles, reflétant des formes parfaites et idéales qui transcendaient le monde sensible. Il considérait que la beauté physique était une manifestation imparfaite de ces formes idéales, et il soulignait l'importance de l'éducation pour cultiver une appréciation du beau.
Aristote, quant à lui, considérait la beauté comme une qualité harmonieuse et ordonnée, qui éveillait un plaisir esthétique chez celui qui la contemplait. Il mettait en avant l'idée que la beauté était liée à la perfection et à l'équilibre des proportions.
Bien que François Julien ne se soit pas concentré spécifiquement sur les conceptions grecques du beau, il pourrait souligner la relativité de ce concept à travers les cultures et les époques, suggérant que notre compréhension contemporaine de la beauté est influencée par nos propres cadres de référence culturels et esthétiques et c'est là que je suis obligé de faire Le lien entre le patriarcat, les structures dominantes et la notion de beauté universelle.. Et oui, es structures patriarcales et dominantes contrôlent souvent les normes esthétiques en favorisant certains idéaux de beauté au détriment d'autres. Les normes patriarcales promeuvent généralement des idéaux de perfection physique et esthétique qui correspondent aux intérêts des groupes dominants. Cette tendance conduit à une conception uniforme et universelle du "beau" qui ne reflète pas la diversité réelle des expériences humaines.
Nous observons de plus en plus une homogénéisation culturelle où les expressions esthétiques locales uniques sont remplacées par des normes standardisées, comme en témoigne l'uniformisation de l'architecture contemporaine.
Parallèlement, le capitalisme exerce une influence profonde sur la conception du beau en favorisant la standardisation, la commercialisation et la massification des normes esthétiques. Remettre en question cette conception uniforme du beau implique souvent de s'attaquer aux mécanismes économiques et culturels qui perpétuent des idéaux esthétiques exclusifs et aliénants.
Pour un peu résumé, le lien entre le patriarcat, les structures dominantes et la conception universelle du beau met en lumière les mécanismes de contrôle culturel et social qui façonnent nos perceptions esthétiques. Pour contester ces normes, il est essentiel de valoriser la diversité et la pluralité des expressions esthétiques tout en reconnaissant les enjeux de pouvoir et d'inégalité qui sous-tendent les idéaux de beauté imposés.
Ma recherche ne se limite pas à la philosophie classique. Je me suis également tourné vers des travaux contemporains et des perspectives internationales, car restreindre cette enquête aux frontières européennes aurait été réducteur mais pour cette première partie il faut bien que je parle de ce que je connais le mieux.
Mais revenons encore un peu dans ce que j'ai peu trouver sur l'antiquité ( je suis consciente que je n'ai pas la science infuse et de nouveau élément sont le bien venue dans cette enquête.)
J'aimerai parler de la Philosophe et mathématicienne de l'Antiquité tardive, Hypatie qui a défendu une vision du corps féminin comme étant aussi apte à la rationalité que celui des hommes (cela fait référence à sa conviction selon laquelle les femmes sont intellectuellement capables et méritent le même respect que les hommes en termes de capacités rationnelles et philosophiques). Son travail a remis en question les normes sociales patriarcales de son époque et a ouvert la voie à une reconsidération de la place des femmes dans la société. Hypatie a vécu à une époque de transition entre l'Antiquité classique et le début de l'ère chrétienne. Cependant, la montée du christianisme et les tensions religieuses ont influencé le climat. En tant que femme philosophe et mathématicienne dans une société largement dominée par les hommes et par une Église chrétienne émergente, Hypatie a dû naviguer dans un environnement culturel et social complexe..elle a été tragiquement assassinée en 415 ap. J.-C dirigée par des moines chrétiens radicaux.
Il est important de noter que les écrits directs d'Hypatie sur la nudité, le beau et le corps ne nous sont pas parvenus, et nous devons souvent interpréter ses idées à travers le prisme des textes et des commentaires qui lui sont attribués indirectement.
Hypatie, à souvent valorisé la beauté comme une manifestation de l'harmonie et de l'ordre universel ( pensé néoplatonicienne ) , et considérait le corps comme un véhicule pour atteindre une compréhension plus profonde de la réalité, de la sorte elle voyait le corps en tant qu'instrument de connaissance et de compréhension du monde, en soulignant l'importance de l'intellect et de la rationalité par rapport à l'apparence physique en précisant que la beauté était secondaire.
Au finale , il a plus de discutions ou de discours sur le corps dans une église que par des philosophe qu'on compte sur les doigts d'une main.. avec , la religion , la drogue et la politique on pourrait rajouter la nudité dans les sujets qui fâche.. mais pourquoi ?
La nudité soulève des questions complexes liées à la morale, à l'éthique, à l'esthétique et à la liberté individuelle. Les débats philosophiques sur la nudité impliquent souvent des considérations sur la nature humaine, le pouvoir, le contrôle social et les droits individuels, ce qui peut rendre les discussions sur ce sujet particulièrement riches mais aussi potentiellement conflictuelles.
Mais DIOS MIO pourquoi ?
Voici la première partie de ma réflexion, merci d'avoir suivi cette première partie de mon exploration sur la nudité et la philosophie ! Comme vous l'avez remarqué, il reste encore beaucoup à explorer dans ce vaste domaine où se croisent histoires, idées et perceptions et je suis qu'une étudiante au début d'une enquête que je réalise pour mon propre chef dans l'espoir de comprendre se désarrois contemporain.
La suite de cet article arrive bientôt. J'espère que cette plongée vous aura fait réfléchir, questionner et peut-être même sourire.
Ensemble, faisons bouger les lignes et ouvrons de nouvelles perspectives sur la nudité, le corps et nos constructions philosophiques. À bientôt!
Léonie Stolberg
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